PROJET LAVOIR 24

Mon exposition au Lavoir Vasserot approche, et dans la préparation de l'accrochage, s'est glissée une idée, que j'ai suivie. En bon petit poucet, j'ai remonté les grains du chapelet de cette inspiration, et donné naissance à une création inédite pour moi jusqu'alors. Quel pied !!

Depuis le temps que je lui rends visite, à chaque fois, la même réflexion me traverse: « en tant que peintre, pas facile d'investir élégamment l'intérieur de ce bassin long de 12 mètres. »

J'aime les traditions, et tout ce qui a une mémoire. La réponse à la question « comment faire revivre ce bassin ?» est venue rapidement : En lui mettant de l'eau !

Réinstaller l'eau dans le lavoir est chose techniquement impossible pour moi et surtout interdite par la charte d'utilisation du lieu. A moins de vouloir m'attirer les foudres du Service culturel de la Ville de Saint-Tropez, mais non, ma nature d'artiste n'est pas provocatrice, elle est plutôt célébrante, ceux qui me lisent le savent déjà. J'aime honorer, voire réparer selon les cas.

Tous ceux qui sont entrés dans l'espace du Lavoir Vasserot, monument classé depuis 1981, sont tombés sous son charme qu'on attribue souvent à la hauteur du plafond et sa multitude de voûtes, son architecture cependant sobre avec la construction séculaire, centrale du lavoir en pierre où j'imagine les habitantes frotter leurs linges sur ses pans inclinés. Je me représente aussi la résonance de leurs conversations car l'acoustique est assez extraordinaire ! C'est surtout la vision de l'eau qui est rémanente pour moi, il y a des encoches arrondies entre ses bassins supérieurs et aussi une forme d'usure par endroit, témoin de sa course. Ce sont ces petits détails et recoins qui attirent mon regard, tout comme les variations de tonalité du minéral, ici matrice identitaire.

L'installation des sculptures de Jerome Btesh que j'avais invité pendant mon exposition en 2022, avait bien fonctionné avec mon accrochage. La présence de ses gouttes et flaques de verre d'où germaient des tiges de cuivre était déjà un écho subtil à la présence ancestrale de l'eau.

Mais cette année, je voulais y prendre ma place pleinement. Alors, pour remercier cette belle pierre d'avoir vécu et servi si longtemps, y compris en étant aujourd'hui un lieu d'accueil de formes d'art très variées, j'ai voulu l'épouser.

Le temps d'une semaine, je ranime sa mémoire d'eau avec le flot de mes mots.

Pour cette installation, j'ai écrit à la main mes textes, de couleur bleue, symbole de l'eau, sur 11 mètres de draps en lin d'époque, servant de parchemin géant. Ces mots sont une partie de moi, la part la plus brûlante de mon âme d'artiste. J'y raconte mes secrets d'atelier, mes batailles intérieures avec la peinture, et aussi ce qui ouvre mon cœur à la création.... C'est mon ADN d'artiste que j'y ai couché là, sur ces draps, destinés à reposer au creux de la roche. On comprendra aisément le clin d'oeil de la dépose de linge au fond du bassin qui en a tant accueilli au cours de son histoire.

En amont de ce parchemin géant, dans les parties supérieures, sont disposés des rectangles de tissu peints en outremer pour signifier la source.

J'epère que le lavoir se réjouit de mon hommage autant que j'ai aimé lui préparer cet ouvrage, sur mesure, rien que pour lui.

Et pour mieux s'en imprégner, j'ai composé un enregistrement musical de la lecture des textes, directement inspiré de ma tendresse pour la Provence.

Cet accompagnement sonore est accessible par qr code sur place, le temps de l'exposition.

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