LUMIÈRE

Avec toi, c'est une grande et longue histoire d'amour ! Une vraie!

Pendant le tournoiement annonciateur du gros orage de cette semaine, j'attendais la pluie et le rafraîchissement qui va avec, mais que nenni …. il faisait lourd, moite et sombre. J'observais ce ciel bas et ses variations de gris plus ou moins opaque, qui laissaient pressentir la pesanteur imbibée promise à la terre bûlant d'impatience. Dans ces moments-là, je suis toujours à l'affût du point d'éclaircie dans ce tumulte gris bleu. Bref, tout ça pour dire que, quand le soleil est revenu le lendemain, après la décharge d'eau finalement libérée, et, réjouie par la multitude de nuances des bleus face à la mer, je me suis dit : « je vais t’écrire ! »

Il ya plusieurs années, j'ai acheté un magnifique livre qui parle de toi dans une approche reliant science et impressionnisme, dont je retarde la lecture étrangement, et j'écrirais sûrement differemment si je l'avais lu, mais ce sera pour plus tard, peut-être.

J'espérais y trouver un exposé structuré qui rejoigne ma façon sensible de t'appréhender. Si je n'ai pas encore plongé dans cet exposé, c'est sûrement pour garder mes circuits sensationnels intouchés par toute information analytique.

Je disais donc, entre toi et moi, c'est une histoire d'amour, depuis le début. C'est devenu évident, à nouveau, dès lors que je me suis vraiment re-plongée dans ma peinture. Pendant mon purgatoire pictural, j'avais oublié que je savais ; en étant loin de ton contact, j'avais oublié combien je t'aimais et à quel point notre relation est vivifiante.

Depuis cette mémoire retrouvée, je sens dorénavant que tu nourris mon corps, mon cœur, mon esprit ET ma peinture !

C'est tout de même un curieux phénomène, non aisé à expliquer : capter ton rayonnement par l'oeil, la chair et te restituer par mon regard, mes gestes et mes émotions dans l'atelier. Ce dialogue sans mot, alchimique, sensible vit en marge de la dimension intellectuelle.

Plus que ma main, c'est mon corps qui s'exprime en ta présence, laissant émerger des effusions de l'inconscient, manifestations déstabilisantes par leurs aspects bruts et jaillissants.

Ce qui continue de m'émerveiller, c'est de découvrir que ton voyage intime à travers moi est palpable sur la toile, si j'en crois les témoignages des observateurs.

J'avoue que tu es mon obsession quand je peins : peu importe les sujets, qu'ils soient figuratifs avec mes fleurs des années 2000, ou abstraits d'aujourd'hui, comment te laisser percer ?! Première condition : ne pas obstruer ton passage par la volonté de bien peindre, de plaire, d'être reconnnue artistiquement, qui est fort présente en moi et que je dois dompter justement. Si je me positionne à l'endroit de l'authenticité, je me trouve véritablement, et mon geste laisse enfin la place à ton expression directe. Je pourrais presque dire que, la matière-peinture s'organise pour rendre visible tout ce processus invisible.

Je m'approprie les mots de Christiane Singer quand elle écrit « l'espérance folle de la fusion retrouvée », car je crois bien que c'est exactement ce qui est derrière tout ce mécanisme : le désir profond de m'unir à toi, de te manger, d'être moi-même lumière pour te peindre. Cet acte devient ma façon de te célébrer et de louer la force de vie inaltérable.

J'ai la chance d'avoir grandi à Marseille et à Saint-Tropez où ta couleur est si particulière et constitutive de mon développement artistique, comme pour d'autres peintres avant moi, venus sur cette portion de la planète. Je t'ai scruté dans mes voyages sur d'autres continents, mais je n'ai pas encore trouvé ton équivalent et il y a sûrement d'autres situations géographiques qui pourraient fertiliser ma création, mais voilà, pour l'instant, c'est toi que j'embrasse pleinement et remercie d'avoir fécondé ma peinture.

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