PERFORMATIF? NON, C’EST DU SENSIBLE
Donc je fais des « performances artistiques ».
Ahahah !
Ce terme est utilisé dans le monde de l'art contemporain. Pourtant, ma peinture n'appartient pas à ce courant.
On me demande souvent d'expliquer le contenu de mes performances peinture-musique, alors c'est peut être le moment de creuser le sens que je leur donne.
Evidemment, je ne suis pas une voiture, ni un cheval ou une athlète. Il n'y a pas de record à atteindre.
Le dictionnaire indique : performance (art) = action.
Je m'y retrouve un peu mieux. Effectivement, il s'agit bien d'un acte de création improvisée. Dans les faits vus du public, je peins une toile accompagnée par de la musique live, mais ce n'est pas tout. Ce qui se passe pour moi pendant ces créations est bien plus vaste que l'acte de peindre, tout en restant simple.
Pourquoi la musique est si importante quand je peins ? Car je veux revivre la symbiose.
J'aime me sentir emportée par une mélodie, pourtant quand je suis en présence d'instruments vibratoires tels que les gongs, les bols tibétains, qui ne sont plus dans une orchestration, mon inspiration est tout autant stimulée. C'est grâce à la vibration. Oui c'est bien à cet endroit là que se vit la rencontre ! Dans la vibration.
Au début de l'exercice, les ondes me parviennent, je me laisse porter par cette rampe de lancement puis je m'efface, j'oublie tout ce que je sais faire techniquement, pour livrer passage à une forme d'expression plus grande que moi.
Haut est l'objectif , mais basse est la porte pour y parvenir.
Ce qui se passe ensuite, m'échappe en quelque sorte. Le mariage des vibrations sonores, sensibles du lieu et de toutes les personnes présentes crée une alchimie qui relève du mystère.
Chaque coup de pinceau est un saut dans le vide, le tableau mue au gré des notes.
Ce qui importe n'est pas le résultat final mais bien le voyage symbiotique.
Je me sens vivante, joyeuse et présente à plusieurs endroits à la fois : je suis avec les couleurs, les brosses, les sons et mes sensations, au service du projet. C'est un phénomène curieux avec lequel je me familiarise de plus en plus : expérimenter la dissociation saine qui facilite la création.
Une fois terminée, je découvre la peinture faite par mes mains, imprégnée de toutes ses mutations. Parfois je peux sentir que nous l'avons créé tous ensemble !
Ce n'est pas une performance, c'est un mariage sensible avant tout.
Je pourrais renommer ces spectacles « Du corps à la toile ».
