DANS L’OEIL DU CYCLONE CREATION
GÉNÈSE DU TABLEAU “BATAILLE ROUGE”
Jour de bruine en Mars, même si on est dans le Var, Carqueiranne pour être précise.
Je viens de terminer mon initiation à la transe cognitive avec l'équipe de TranceLab et je me sens plus réceptive à l'entourage : les sons me parviennent clairs, nombreux, mes gestes sont fluides, aisés, mon corps plus léger et mes sensations fines et nouvelles. Cette sensibilité élargie me plaît et je me prépare à revivre une collaboration avec la musicothérapeute Marie-Hélène Samazan avec qui j'avais déjà peint au son de ses instruments vibratoires, dans ce même lieu nommé « L'Instant partagé », situé dans une serre agricole immense, face à la Méditerrannée. La végétation tropicale cultivée depuis plusieurs générations donne à cet endroit un charme unique où l'hôte principale est l'harmonie.
Nos retrouvailles sont douces et Marie-Hélène commence à jouer de la flûte de pan en déambulant, méditative, sur le parquet. Je suis face à ma toile vierge posée au sol et les vibrations sonores caressent mon pelage imaginaire et me donnent un sourire intérieur, signe personnel de mon départ en voyage intime.
Le fusain s'invite, nouveau pour moi, son tracé est saccadé.
Des taches d'ocre jaune.
Vite le rouge arrive, comme une impatience de prendre sa place et de me dire : « tu vois, je suis là! ».
Je suis d'autant plus surprise, que cela fait 4 ans que je peins avec les nuances de bleu. Mes gestes tourbillonnent et je suis enveloppée par un double drapé rouge et blanc. Mes coups de pinceau sur la toile semblent se déployer aussi autour de moi. Je suis au cœur de la toile, en plusieurs dimensions : dans les cellules de la peinture, dans les ondes de la pièce.
Je zoome et dézoome ainsi en continu simultané.
Les sons me parviennent, loin et tout prêt : tantôt le gong, le tambour, toujours doux, par vagues.
Soudain, je m'interroge sur ce que je perçois comme un décalage entre la douceur des ondes sonores et la puissance de mon tourbillon intérieur. Comment les unes ont pu donner naissance à cet autre.
Le sentiment d'une bataille dansée, à la manière d'un art martial, un combat élégant, digne, un combat naturel entre les éléments vivants en moi.
Ma nouvelle perception est vive, comme ma nouvelle expression que je découvre sur cette toile, ce jour de Mars humide et jaune pâle. Toutes les vitres mouillées de la serre floutent le paysage, tel un sfumato de Vinci.
Mais moi je suis « sharp », affutée, totalement ici, dans l'oeil du cyclone, le centre est ancré, profondément calme dans ces envolées puissantes et précises.
Vient enfin ce point acidulé, rouge fluo, posé par surprise, cette dernière touche me fait plisser des yeux et du nez.
Son nom surgit : “Bataille rouge” est née.