LE TEMPS DE LA CRÉATION
Le temps de la création n'est pas celui des hommes.
Dans une époque où tout tend à devenir rapide, efficace, la porte de la création, elle, ne peut être brusquée.
L'avènement de l'éclosion est chose fragile. La délicatesse requise est extrême. Dans l'approche sensible qu'est la mienne en tout cas.
« Viens tout près, colle toi doucement, mais demande moi avant » C'est cela qu'elle me dirait si elle pouvait articuler des mots, la Création.
J'aime bien poser mon oreille sur son duvet moelleux, offert.
En plus je sais qu'il est là, à jamais pour moi et qu'il l'a toujours été, quoique je fasse.
Je n'ai pas besoin de lui prouver quoique ce soit, le nid de la création est ma source vive et illimitée.
La personne qui croit devoir ou pouvoir la soumettre pour en extraire son miellat simplement par satisfaction personnelle adopte un comportement criminel.
Substance de vie arrachée : lacérations du corps.
Création respectée : exultation du cœur.
Ma production artistique ne peut chevaucher la vague algorithmique.
J'ai besoin de temps d'intégration, de rien, de purge pour accueillir le nouveau. Pas la nouveauté putaclic, sitôt consommée, sitôt oubliée, dopaminable.
Je veux continuer à prendre grand soin de ces ilots précieux de lumière, ces chrysalides de soie.
« Laisse venir, laisse arriver le joyau. Dépose tes mains ouvertes, détendues et repose toi dans mon cœur. Je vais te régénérer par ma présence »
Dans ce texte,
mon Aigle noir est passé.
