LA PEINTURE : DANSE D’INTEGRATION
La peinture comme exutoire ?
Pour moi c'est plutôt un accès à la transformation.
La voix lumineuse, seule, où tout serait volupté et béatitude ne m'intéresse pas, ni celle où se jouent uniquement mes névroses. Je ne cherche pas la lumière nue, sans son ombre, ni l'inverse, la noirceur constante et sous-terraine. Ce qui m'intéresse, c'est d'embrasser les deux tour à tour ou ensemble, selon ce qui se présente. Aussi, je ne cherche plus à rester dans le juste milieu, zone d'entre-deux et fade à mon goût, mais sur le fil. C'est plus pétillant.
Je veux traduire la métamorphose de l'ombre vers la lumière, comme j'ai la sensation de la vivre à chaque tableau que je peins.
La lumière m'apparaît plus vibrante lorsqu'elle a dansé avec l'opacité des ombres.
Un nouvel ami m'a transmis l'expression : « la peinture, comme danse d'intégration», ces mots ont résonné tellement justes dans mon cœur.
Danse des éléments, des pinceaux, des pigments, de mon corps, de mon cœur...
Danse de la toile aussi quand je la fais tournoyer, encore plus depuis que je peins sur toile libre ! Libérée du châssis. Allez zou, les armatures !
Mais surtout, « intégration » des mutations rendues possibles par ce chemin artistique.
En même temps que j'écris ces réflexions, je suis très fort avec le mot révélation.
Souvent je me fais surprendre par le surgissement de l'éclat lumineux que je convoque dans cette danse multiple. Quand cela arrive, mon cœur se déploie. Je peins, comme je prie, pour extraire la pépite de l'instant et la révéler au monde.
Cette semaine j'ai disposé d'un hangar à bateaux vide pour peindre un morceau de toile couchée sur le sol (libre, donc) de 4 mètres par 2. Cette idée me poursuivait depuis des années et elle s'est concrétisée, là, en pleine canicule 2024, grâce au concours de personnes soutenantes.
Je voulais sentir comment je peins quand je suis dans l'espace augmenté. Les différences de proportions m'ont beaucoup intéressées : la toile géante par rapport à la taille de mon corps, cependant, un timbre poste par rapport à la superficie de l'entrepôt, et moi, encore plus minuscule dedans. J'en dirai davantage sur cette expérience, avec un peu plus de recul, mais ce qui est déjà évident, c'est que la captation ombre-lumière s'est faite dans une autre échelle.
Bien qu'écrasée par la chaleur, j'ai quand même pu créer un autre espace, à l'intérieur, pour toucher un bout de cette métamorphose, en dansant sur la toile cette fois !
En attendant de la découvrir, voici une autre peinture sans châssis, visible sur ce lien.