LA JOIE DANSE
Depuis le début de ma pratique de peinture, il ya 25 ans, les formats de mes tableaux s'agrandissent, à mesure que mon expression se libère.
Cela demande forcément d'engager mon corps davantage. Je m'en suis rendue compte après coup, quand j'ai commencé à m'inscrire à des ateliers de danse libre. Le désir d'expression par le corps m'a gagné. Je ne sais pas, tels la poule et l'oeuf, quelle envie a fait naître l'autre ! Elles semblent intrinsèquement indissociables. Peut-être, est-ce simplement le courant de vie.
J'ai l'impression que ce mouvement physique s'infuse jusque dans la matière même de la peinture et que ses petites cellules dansent avec moi quand je peins. Je pense souvent aux paroles de Patrick Bureinstenas, quand il parle de la pratique alchimique et de cette part de soi qui est à l'oeuvre, qui fait toute la différence dans la manifestation du résultat, indépendamment de toute technicité.
Je trouve ça passionant et quand je l'écoute, j'ai l'impression qu'il décrit mon processus créatif.
Je vais tenter de décrire en quoi son enseignement résonne pour moi.
Outre le fait que le déplacement conscient, dansé ou non, fluidifie, améliore la circulation d'énergie et l'expression de l'être, ces ajustements physiques me mènent à percevoir le mouvement un peu partout !
Dans l'invisible.
Le flux de mes pensées, de ma respiration, mon énergie, et celle de l'environnement perçu, mes émotions...A quelle allure? Comment ça circule? Juste?….vite? trop vite?….ça stagne?....
Cette vigilance me conduit à porter mon attention sur ces micro mouvements intérieurs, tels des indicateurs de géolocalisation, ils me disent où j'en suis :
ils me décalent, ils me calent au centre, ils me déportent, me consument, me dilatent, me déchiquettent, me plombent, me propulsent ou m'unifient …. J'accompagne au mieux ces différents voyages et je saisis le pinceau, consciente de ma position et puis la transformation s'opère, ou pas!
L'allure. Quel beau mot, il m'inspire la notion de ryhtme allié à la beauté. Toute la question est là : est-ce que je bouge à la vitesse qui me convient, de quel endroit je m'exprime? Depuis le plein, le vide, le saturé? Forcément le résultat en témoignera.
Cela n'a rien à voir avec l'activité parce que je peux être active physiquement avec une part de moi figée à l'intérieur. Dans la mécanicité : Peinture vide, plate, inerte.
Alors, pour sortir du figement et retrouver ce mouvement de vie, je ne dois pas avoir peur du passage chaotique pour retrouver l'allure ajustée. Comme le chat qui retombe sur ses pattes, si je fais confiance, je retrouve le flux. Avec le vivant en moi : peinture vibrante, expressive, énergie.
Pour exprimer ma puissance, je dois entrer par la porte de la douceur et observer la danse intérieure, aller avec, puis transformer si nécessaire pour délivrer sur la toile la quintessence de ce qui se joue.
Décidemment, la peinture m'aide à me connaître d'une façon si fine!
Vers quoi je chemine, doucement mais sûrement ?
Pour illustrer mon propos, j’ai choisi ce tableau “Water and Space” , dont je décrirai la génèse dans un article suivant. Clique sur le lien pour le découvrir